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Anthropologie etc. - Page 6

  • Histoire des sciences et sociologie

     

    Le séminaire situe les travaux d’histoire des sciences dans une perspective de sociologie générale. Les renouvellements connus dans ces spécialités depuis une trentaine d’années sont indiqués et discutés en relation avec ceux connus parallèlement en sociologie des sciences par exemple. Le séminaire vise d’une part à procurer aux étudiants qui n’étudient pas particulièrement les sciences des éléments qui pourraient leur paraître nécessaires en vue d’un travail réflexif sur la formation des sciences sociales et celle des objets qu’elles étudient aujourd’hui. Il vise d’autre part à procurer une information critique de base pour ceux qui souhaiteraient plus particulièrement étudier les sciences et les techniques. Sociologie de la sociologie, réflexivité, contrôle épistémologique, genèse des sciences sociales, réflexion historiographie, toutes ces attentions et ces compétences sont nécessaires dans l’exercice du métier. Comment y retrouver son chemin ? Jusqu’à quel point est-il possible de les satisfaire toutes ou bien en partie ? Le séminaire vise ces questions à partir d’une série de lectures et d’exemples discutés en séance.

    De la vigilance épistémologique à la pratique réflexive

    - Vincent Bontems, Bachelard, Paris, Les Belles Lettres, 2010.
    - Pierre Bourdieu, Jean-Claude Chamboredon, Jean-Claude Passeron,
    Le Métier de sociologue. Paris, Mouton, 1967.
    - Pierre Bourdieu, « Questions de sociologie », 
     Les Editions de Minuit, 2002, 277 pages.
    - Jean-Claude Passeron, 
    Le raisonnement sociologique. Un espace non poppérien de l'argumentation, Paris, Albin Michel, 2006. 

    Histoire intellectuelle et mémoire collective des savants

    - Éric Brian et Marie Jaisson, Le Sexisme de la première heure. Hasard et sociologie, Paris, éd. ‘Raisons d’agir’, 2007.
    - Olivier Christin (dir.),
    Dictionnaire des concepts nomades en sciences humaines, Paris, éditions Anne-Marie Métailié, 2010
    - Maurice Halbwachs,
    La Mémoire collective. Paris, Albin Michel, 1997 (nouvelle éd.). 
    - Maurice Halbwachs, La Topographie légendaire des évangiles en terre sainte. Paris, Presses universitaires de France, 2008 (nouvelle éd.). 
    - Jean-Claude Perrot, Une histoire intellectuelle de l’économie politique aux XVIIe et XVIIIe siècles. Paris, éd. EHESS, 1992.

     

  • Recension du livre : Les Structures sociales de l'économie – de Pierre BOURDIEU, fin

    Pierre Bourdieu reprend, dans Les structures sociales de l'économie, d'anciens travaux comparant les paysans des régions du Sud de l'Algérie - qui "se disent plus volontiers occupés" - avec les Kabyles - "plus enclins à se dire sans travail ou chômeurs". Alors que dans les deux cas, la famille fournissait le modèle de toutes les relations sociales, y compris celles afférentes aux échanges économiques, c'est à l'évidence à la conception moderne de l'économie, avec ses propres principes et sa propre logique, que se réfèrent désormais toutes les pratiques et les échanges - y compris au sein de la famille. Le sociologue donne l'exemple du scandale que provoque le fils réclamant un "salaire" à son père kabyle qui le fait travailler, pour illustrer le renversement de valeurs qu'a opéré l'économie avec ses principes de profit et sa logique de calcul. Cela illustre combien la prégnance de l'économie sur la vie sociale est aujourd'hui intériorisée, bien au-delà des frontières du Val d'Oise ou de la France.

    L'œuvre de Pierre Bourdieu a mis en lumière le caractère contingent de conduites qui sont pourtant le pain quotidien des existences humaines. Les déterminismes ne sont jamais ceux que l'on croit. On se souvient à cet égard de la jeune provinciale des Héritiers (écrit en 1964 en collaboration avec Jean-Claude Passeron), issue de milieu paysan, dont le déficit en matière d'avenir universitaire était en quelque sorte inscrit dans la situation d'origine.

    Aujourd'hui, c'est la mondialisation de l'économie comme "arrière-monde" obligé et impitoyable - se traduisant dans l'aphorisme : "les affaires sont les affaires" et limitant toute ambition individuelle émancipatrice - que Pierre Bourdieu a choisi de déconstruire à partir du cas particulier constitué par le "marché de la maison". Chemin faisant, le lecteur prend conscience que l'intériorisation des impératifs économiques libéraux a donné naissance à un véritable "monstre anthropologique" : "l'homo œconomicus". Les marchés, les prix, les coûts, sans qu'il soit besoin de les citer, sont présents comme autant de données immédiates de l'expérience humaine : le calcul a pris le pas sur la pensée.

    Le grand mérite de l'ouvrage de Bourdieu est, dans ces conditions, de ne jamais verser dans l'opposition stérile entre sociologie et économie, et de faire la démonstration que c'est prises ensemble et dans leur interdisciplinarité que les sciences humaines sont confrontées à l'histoire et à l'analyse des faits sociaux. Les transactions économiques n'en sont qu'un aspect qu'il importe de ne pas absolutiser mais d'inscrire dans l'ensemble des relations humaines.

     

  • Avis sur le livre : Les Neuf clés de la modernité - Jean-Marc Piotte, fin

    Fin de chronique du livre : Les Neuf clés de la modernité

    5. Il semble qu'on se marie plus aujourd'hui par amour que par raison (économique ou religieuse). C'est impensable dans des sociétés où les femmes n'ont pas acquis un minimum de liberté et d'égalité. Difficilement envisageable aussi dans des religions où le désir et l'amour physique sont discrédités. Plus la société se démocratise, plus la religion devient affaire privée, et plus le mariage vise autre chose que d'assumer la fonction reproductive, comme tendent à le montrer les mariages entre homosexuels.

    6. L'extension du marché détruit les communautés traditionnelles et provoque l'atomisation du corps social. De l'extérieur, on le voit bien dans le Tiers-Monde mais, même au Québec, la paroisse a perdu son sens, la structure familiale a éclaté, et le couple ne va pas très bien, le marché en arrive à dominer l'ensemble des relations sociales. Le gain, comme mobile d'action, devient la norme du comportement quotidien et se subordonne les vertus traditionnelles(p. 139). Comme pour compenser, l'État doit s'accroître pour coordonner harmonieusement ces individus libres qui ont droit au gain et aux plaisirs, mais aussi pour protéger ceux et celles qui n'ont plus de place dans le système.

    7. La république libérale tranche avec le passé. Même si Locke attribue le pouvoir exécutif au Roi, le pouvoir législatif, plus important, appartient au Parlement. Ce système, fondé en principe par et pour des individus libres et égaux, implique la représentation. Mais, qui doit être représenté ? On peut suivre l'extension de cette représentation au cours du XXe siècle: le droit de vote est devenu universel. Ce qui peut être bon signe, à condition que le citoyen soit formé pour choisir en connaissance de cause.

    8. La fonction traditionnelle de l'Église d'assurer la cohésion sociale devient insuffisamment remplie quand la religion perd de son importance. L'idée de nation essaiera de fonder cette cohésion de façon plus universelle, puisque plusieurs religions peuvent coexister dans une même nation. Au XIXe siècle se succéderont les États-Nations. On cherche à susciter un sentiment d'appartenance nationale, ce qui réussit assez bien, par exemple en Allemagne, en 1914, puisqu'en votant les crédits de guerre les sociaux-démocrates comptent plus sur le sentiment national que sur la conscience de classe. Reste à voir comment les phénomènes d'immigration et de mondialisation de l'économie joueront sur le sentiment national.

    9. Enfin, affaiblie dans son pouvoir politique, suspecte dans ses prétentions à la vérité certaine, la religion est devenue affaire privée. Même au Québec, l'Assemblée des évêques a décidé récemment de se retirer discrètement de l'École.

    Les Neuf clés de la modernité - Jean-Marc Piotte
    Québec Amérique/ 2001
    240 pages