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Anthropologie etc.

  • A lire : Une révolution du Management : le Modèle Google de Bernard Girard

    le Modèle Google de Bernard Girard.JPGD’ordinaire les livres de management comme les meilleurs livres d'économie , s’adressent à un public averti, désireux de parfaire ses méthodes de travail. C’est le cas du livre de Bernard Girard, mais pas seulement.

    Car Google représente, le titre est justifié, une véritable révolution dans le domaine du management. L’entreprise créée en 1998 par deux étudiants brillants et visionnaires, Larry Page et Sergeï Brin, désormais cotée en Bourse, est devenue un nom commun dans le langage des internautes du monde entier. A l’instar d’un chercheur ou d’un détective, l’auteur récapitule, décrypte et analyse les innovations à l’origine du succès planétaire du célèbre moteur de recherche, tout en abordant les défis et les limites de cette ancienne start-up qui a su tirer profit d’une conjoncture idéale et développer une stratégie gagnante enviée par ses concurrents.

    Méthodes de management labélisées Google

    Parmi les méthodes géniales appliquées par l’entreprise, l’enquêteur cite le recrutement hypersélectif, les 20 % du temps de travail consacrés aux recherches personnelles des ingénieurs, les pear-reviews ou encore la hiérarchie allégée et le primat accordé aux utilisateurs comme source de perfectionnement et de publicité. Le triomphe de Google souligne les défauts du management à la hussarde et des PDG paternalistes ; il signe l’avènement d’une nouvelle ère dans le domaine des hautes technologies. Par sa clarté et sa précision, ‘Le Modèle Google’ est destiné à un large public (étudiants, patrons, professeurs, simples curieux et amateurs d’enquêtes policières et scientifiques !).

    Une mine d’informations qui ouvre une réflexion stimulante sur l’avenir et les enjeux des nouvelles technologies. Bernard Girard a écrit un conte de fées, avec des sorcières dedans (Microsoft) !

     

  • L’altérité à l’heure de la post-colonialité - fin

    Suite de l'article L’altérité à l’heure de la post-colonialité ...

    Bien plus encore, les œuvres contemporaines produites par les artistes issus d’Afrique sont désormais l’expression, plus ou moins directe et explicite, d’une confrontation entre peuples colonisateurs et colonisés. Ces derniers seraient des héritiers d’un biculturalisme encombrant et d’un passé colonial douloureux. Une situation qui aura fortement marqué leur trajectoire personnelle autant que leur histoire qui se retrouve immanquablement dans les œuvres ; lesquelles intègrent des thèmes ou des représentations attestant de l’influence occidentale et de la modernisation. Leurs productions matérielles témoignent donc d’un changement radical par rapport aux formes artistiques les plus traditionnelles qui continuent quant à elles d’être reproduites et commercialisées par le biais du marché touristique dit « airport art » et d’une réelle forme d’innovation esthétique.

    Comme l’a relevé J. Clifford (1995), leur « post-modernité » s’exprime à travers un paradoxe : celui d’un néo-traditionalisme qui s’apparente à de l’art contemporain international nourri d’universalisme tout en affirmant la spécificité et l’irréductibilité des valeurs culturelles indigènes « immémoriales ». Ce multiculturalisme à la mode cohabite avec une conscience ethnique exacerbée. On pourrait ainsi parler avec C. Graille (2003) d’un « art moderne ethnique ». Ce qui explique de nos jours cet engouement porté pour une tendance tribale ou ethnique à son tour inscrite dans un phénomène social plus ample (anti-mondialisation, post-modernisme).

    Les artistes Bamum contemporains pour ne prendre que cet exemple, bien qu’étant d’une certaine manière affranchis d’un traditionalisme jugé réducteur et anti-créatif, se trouvent en même temps contraints sous une forme implicite voire inconsciente, à ne pas s’écarter d’une esthétique qui permette, peu ou prou, de les identifier d’un point de vue ethnique. Leurs objets n’accèdent ainsi aux espaces d’exposition naissants qu’à condition de se conformer aux canons d’une esthétique contemporaine « post-coloniale », autrement dit « ethnique » ou « identitaire ».

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.

    - HEGEL, G.W.F., Leçon sur l’histoire de la philosophie. Introduction, bibliographie et philosophie orientale : VRIN, coll. Textes philosophiques.

    - LOUMPET, G., « Patrimoine culturel et stratégies identitaires au Cameroun, analyse d’un mécanisme intégratif transposé » in Enjeux, bulletin d’analyses géopolitiques pour l’Afrique Centrale, 2003.

    -GUERIN Michel,  Le temps de l’art : Anthropologie de la création des Modernes,  Actes Sud 2018

    LOUMPET- GALITZINE, A., « Le marché de l’art africain : réflexion à propos d’un commerce inégal » in Enjeux, bulletin d’analyses géopolitiques pour l’Afrique Centrale, 2003.

    - MBONJI, E., Les cultures-vérité. Le soi et l’autre. Ethnologie d’une relation d’exclusion, Yaoundé : Etoile, 2000.

    - Ouvrage collectif, L’Autre et nous, « scènes et types ». Anthropologues et historiens devant les représentations des populations colonisées, des « ethnies », des « tribus » et des « races » depuis les conquêtes coloniales, Paris : A.C.H.A.C., coll. SYROS, 1995.

    - RHODES. C., Le Primitivisme et l’art moderne, Paris : Thames and Hudson, coll. l’Univers de l’art, 1997.

    - TELERAMA, Trésors d’autres mondes. Les arts premiers entrent au Louvre, Paris, magazine hors-série, 2001.

    - THOMAS, N., Possessions. Indigenous art, colonial culture, London : Thames and Hudson, 1999.

    - WILLETT, F., L’art africain, Paris : thames and Hudson, coll. l’Univers de l’art , version française, traduction de Catherine Ter-Sarkissian, 1990.

  • L’altérité à l’heure de la post-colonialité

    Plus que jamais, la culture est au centre d’un enjeu politique d’envergure au point de servir de puissant instrument d’assimilation, de décivilisation et de dénivellement. C’est ce dont témoigne la naissance à la fin du XIXe siècle d’un art africain fortement imprégné du courant évolutionniste ; un paradigme fondé sur l’analogie d’une évolution biologique et stratigraphique et une évolution culturelle. C’est dans cette perspective, qu’en dépit de l’intégration de l’art nègre dans les catégories de l’esthétique, l’ensemble de la production matérielle africaine est dorénavant utilisée pour jeter une passerelle entre l’art et l’ethnographie. On observe ainsi un intérêt croissant du monde occidental pour la sculpture africaine de nos jours.

    Dans un tel contexte, l’Afrique est célébrée pour sa sculpture considérée dans le monde occidental comme une forme artistique extrêmement évoluée et sophistiquée avec des milliers d’années d’histoire derrière elle. Elle est même parfois considérée comme une subdivision de l’« art primitif », concept issu de l’évolution darwinienne. Il découle ainsi d’une théorie émanant de L. de Vinci selon laquelle, la peinture, en vogue en Occident, serait la forme d’art la plus élevée et la dernière à avoir émergée. Ce qui mène dès lors à la conclusion que les sociétés ne possédant que les sculptures sont attardées. En dépit de la découverte des peintures rupestres datant de l’âge de pierre qui vint annuler ou relativiser cette théorie, l’idée d’un « art primitif » africain arriéré ou originel a persisté, confortant ainsi l’idée de Hegel qui suggérait déjà l’exclusion de l’Afrique du monde historique.

    Ainsi, l’expression « art primitif » héritée des anthropologues du XIXe siècle qui considéraient l’Europe de leur époque comme l’apogée de l’évolution sociale connaît encore de beaux jours même si elle se révèle dans son acception courante comme un concept négatif. Elle est alors définie comme appartenant aux régions ne faisant pas partie des traditions occidentales et orientales tournées vers la modernité. Il s’agit donc assurément d’une définition ethnocentrique. Il apparaît évident à travers cette forme d’approche que les études en art portant sur les régions jusque là peu connues de l’Occident n’avaient d’autres buts que la recherche de l’origine première de l’art en la sculpture. C’est ce qu’atteste du reste le recours à l’euphémisme d’« art premier ». Ce qui suppose que l’art extra-occidental soit antérieur à tout autre. Toute chose qui pose fort mal le problème de l’origine et d’une éventuelle perspective historique linéaire en laquelle viendrait sagement se ranger les cultures.



    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.

    - AMSELLE, J.L., Doit-on exposer l’art africain ?, Le musée cannibale, Gonseth, 2002.

    - LEFEUVRE Daniel, Pour en finir avec la repentance coloniale,  Flammarion Collection : Champs Actuel, 2008

    - COLIN, R., Le Primitivisme et l’art moderne, Paris : Thames and Hudson, coll. L’Univers de l’art, 1997.

    - DELE, J., Western might, African voice. African art at the dawn of another millenium,1998.

    - DUPAIGNE, B., Quels musées d’ethnographie pour demain ? Quel avenir pour les collections extra-européennes ?, Paris : Musée de l’Homme, 1993.

    - GRAILLE, C., Primitifs d’hier, artistes de demain : l’art kanak et océanien en quête d’une nouvelle légitimité, 2003.