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  • Avis sur le livre : Les Neuf clés de la modernité - Jean-Marc Piotte

    Je résumerai de plus près la première trajectoire pour montrer comment fonctionne le livre: son originalité réside moins dans la description des idées-forces que dans la présentation de points de repère précis, en termes d'auteurs, qui aident à s'y retrouver dans chaque parcours.

    1. L'odyssée de la notion de liberté est complexe, mais le renversement est clair: les Anciens et les catholiques estiment que la liberté consiste à réaliser sa propre nature, ce qui revient en fait à choisir la Cité ou l'Église comme priorité, puisque le citoyen et le croyant ne peuvent parvenir au bonheur ou à la béatitude sans passer par ces médiations. Aujourd'hui, on a plutôt tendance à considérer la liberté comme le pouvoir de faire tout ce qui n'est pas interdit par la loi.

    La liberté se définit au départ par opposition à l'esclavage: la soumission à un peuple barbare ou aux vices. Puis, avec le développement de la bourgeoisie anglaise, la liberté est revendiquée contre l'autoritarisme économique et politique de la monarchie. Avec Descartes et Hobbes, la raison devient garante de la vérité, par principe accessible à tout le monde. Le lien entre liberté et soumission à l'Église ou à l'État devient saugrenu. Pour Aristote, l'état naturel de l'homme était la vie en société organisée, alors que les Modernes estiment que l'état naturel de l'homme consistait à vivre sans contrainte. L'État est sans doute nécessaire pour des raisons pratiques, mais tout pouvoir politique, étant la création d'individus libres, égaux et rationnels, doit donc protéger les libertés fondamentales de ces individus: droit à la sécurité, protection de la propriété privée, possibilités de vendre, d'acheter, de signer des contrats, de choisir son métier et sa résidence, de penser par lui-même.

    Locke, Spinoza et Rousseau montrent que la liberté de penser implique la liberté d'expression. La Déclaration des Droits de l'homme permet de manifester notre liberté, en autant qu'on ne menace pas la sécurité et la propriété des autres. Aujourd'hui, on invoque les droits de la personne (femmes, homosexuels, prolétaires): la liberté de pouvoir vivre selon mes valeurs et mes désirs en autant que je ne menace pas la liberté d'autrui.